Mieux vivre avec ses émotions ... et celle des autres

Comment mieux comprendre et gérer nos émotions.

Les auteurs

En savoir plus sur Didier Hauvette et Christie Vanbremeesch.

Quelques conseils pour gérer nos émotions

Voici quelques techniques que vous trouverez dans le livre...

lundi 21 octobre 2013

Les qualités de notre profil

Nous avons les qualités de nos défauts: quand nous nous énervons ou frustrons de reproduire toujours les mêmes schémas, de tomber toujours dans les mêmes pièges, rappelons nous de ça ! Le fait de subir régulièrement les réactions de notre crocodile n’a pas que des inconvénients. Petit à petit, nous pouvons apprendre à le connaître et à vivre avec lui. Dans certaines situations, nous savons lui donner en partie satisfaction et limiter ses débordements. Ces réactions instinctives sont devenues nos forces :
  • La fuite génère du mouvement. Une personne réagissant par des réactions de fuite / mouvement fera tout pour se sentir libre. Elle cherchera en permanence des solutions lui permettant de s’échapper du « piège » – situation créée par elle-même ou par d’autres : une réunion, un dîner, une contrainte… et même un moment agréable ! Elle développera progressivement une grande capacité à se remettre en cause, à bouger et à trouver des solutions. Elle sera, en général, créative et active ; personne ne pourra lui reprocher d’avoir les deux pieds dans le même sabot.
  • Une personne réagissant par des réactions de lutte s’efforcera d’obtenir rapidement des résultats concrets aux problèmes qu’elle rencontre. C’est sa façon à elle de prouver à elle-même et aux autres qu’elle a de la valeur. Elle va acquérir une grande compétence dans le fait de décider, bousculer les choses et les gens, faire avancer les dossiers. Sous stress, elle n’hésitera pas à trancher dans le vif si cela permet d’avancer et de régler les problèmes. Elle y trouvera même de la satisfaction.
  • Une personne réagissant par des réactions de repli fera tout pour éviter d’affronter les personnes qui pourraient la contrarier ou être désagréables. Elle va développer des capacités d’adaptation et de prise de recul, elle va chercher à « arranger les choses » dans son entourage. Elle cherchera à comprendre ce qui lui arrive et ce qui peut se produire dans les années à venir… Elle va ainsi développer des capacités pour conseiller, anticiper, réduire les tensions et les conflits.
Les qualités générées par nos états de défense sont indissociables de leurs inconvénients. Ce sont les deux faces d’une même médaille. Quand un aspect négatif est présent chez quelqu’un (anxiété, agressivité ou passivité), l’élément positif correspondant (créativité, capacité à décider ou à prendre du recul) est inévitablement là, également. À nous de le mettre en valeur et de le trouver chez les autres...
En apprenant à gérer notre stress et nos réactions émotionnelles, nous pourrons avoir accès à ces qualités, et transformer ces réactions instinctives qui paraissent plus fortes que nous en notre propre façon de régler les problèmes !

vendredi 18 octobre 2013

Comprendre les besoins qu'expriment les réactions émotionnelles

Que faire face à un interlocuteur qui s’énerve, se bloque ou claque la porte ? Le secret pour pouvoir désamorcer la réaction émotionnelle des autres, et qui s’applique également à nos propres réactions, est de comprendre le besoin qui se cache derrière ces réactions et d'y répondre

En effet, chaque réaction émotionnelle de défense est l’expression d’un besoin non satisfait ; c’est parce que ses besoins vitaux et fondamentaux ne sont pas pris en compte que notre « crocodile » (notre cerveau reptilien) s’exprime avec ce niveau d’urgence et d’exigence
Que faire donc pour comprendre les besoins de notre crocodile et ceux des autres ? 
  • Face à quelqu'un qui réagit par la fuite, qui claque la porte et évite la confrontation: 
Un besoin inassouvi de sécurité ou de liberté est la clé des réactions de fuite. Une personne réagissant par des réactions de fuite / mouvement se sent menacée dès qu’elle a l’impression d’être enfermée dans un rôle, dans une situation, et lorsqu’elle a peur de manquer (d’affection, de nourriture, de choix, d’espace…). Ces deux besoins sont contradictoires : elle a besoin de la présence des autres pour se sentir en sécurité, mais pas trop pour ne pas avoir l’impression d’être enfermée… Sous pression, une personne en fuite aura tendance à s’éparpiller, parler beaucoup, tenter d’apporter mille solutions au problème, être confuse et brouillonne. Son agitation et son anxiété se transmettent à son entourage. Son inquiétude peut déclencher un flot de paroles, d’idées, de solutions… 
  • Face à quelqu'un qui réagit par la lutte, qui s'énerve et se frustre face à un problème:
Le manque de reconnaissance, la difficulté à se reconnaître soi-même ou à se sentir reconnu par les autres provoquent des réactions de lutte : « Qu’est-ce que je vaux ? », se demande souvent une personne ayant des réactions de lutte. Elle se sent mal lorsqu’elle pense qu’on ne la reconnaît pas à sa juste valeur ou si elle pense qu’elle ne va pas atteindre ses objectifs. Si elle a besoin d’être reconnue ou d’atteindre des objectifs c’est parce qu’elle doute de sa valeur. Contrariée, une personne en lutte aura tendance à être cassante, autoritaire. Elle n’hésitera pas à passer en force, et tant pis pour ceux qui se trouvent sur son passage !
  • Face à quelqu'un qui réagit par le repli, qui se bloque, se tait et a du mal à se décider:
Le manque de sens et de cohérence provoque des réactions de repli. « Quel sens tout cela a-t-il ? À quoi cela sert-il ? Quel est mon rôle, mon utilité dans cette situation ? », se demande une personne réagissant de cette façon. Elle a besoin de se réaliser et de mesurer l’utilité de ce qu’elle accomplit. Elle se sent menacée lorsque la cohérence de ce qu’elle fait ne lui apparaît pas ou lorsqu’elle n’est pas en position de se rendre utile. Une personne en repli, quand on l’agresse ou quand elle ne voit pas où elle va, se sentira abattue, fatiguée, découragée, vidée de son énergie.

mardi 15 octobre 2013

Crocodiles et profils: de quoi parle-t-on ?

Le crocodile est une image que, à l’instar de Catherine Aimelet-Périssol, nous utilisons pour faire référence aux réactions émotionnelles instinctives qui nous sont dictées par notre cerveau reptilien (voir nos articles sur le crocodile). En situation de stress ou de danger ce crocodile caché au coeur de notre cerveau nous dicte trois types de réflexes, comme l’a montré Henri Laborit dans son expérience popularisée dans le film Mon Oncle d’Amérique:



Comme les rats de Laborit face au danger de la décharge éléctrique, nous réagissons face au stress et dans les situations compliquées par trois types de comportements
  • la fuite, qui se traduit par une certaine agitation physique, l’envie de partir, la recherche de solutions tous azimuts, l’agitation verbale et cérébrale… Tout en éprouvant une sensation d’angoisse et un sentiment de peur ou d’inquiétude. Attention, la fuite n’a pas dans ce contexte l’image négative qu’on lui attribue traditionnellement. La fuite est aussi mouvement, créativité, invention de solutions pour sortir de la situation à laquelle nous sommes confrontés. 
  • la lutte, qui se traduit par des paroles ou des gestes agressifs, une élévation du niveau de la voix, un ton cassant, une volonté de passer en force… Tout en éprouvant une sensation d’énervement et un sentiment de colère. Là aussi, ne nous laissons pas influencer par les clichés associés à la lutte : lutter est se confronter pleinement à la situation pour la résoudre. 
  • le repli (que Laborit appelle l’inhibition de l’action) qui se traduit par des phénomènes de blocage, de tétanisation physique et psychologique, une difficulté à s’exprimer, une propension à se dévaloriser… Tout en éprouvant une sensation de fatigue et un sentiment de tristesse ou de découragement.
Lutte, repli et fuite constituent les trois profils de base, trois types de réactions qui ont une forte influence sur notre personnalité.
Pour savoir quel est votre réaction de défense préférée, et donc votre profil, faites l’exercice de notre article précédent
Si les situations dans la colonne « ça m’inquiète, ça m’angoisse » dominent, cela signifie que votre réaction la plus fréquente sous stress est de type « fuite / bouger ». Si vous avez trouvé plus de situations dans la colonne « ça m’agace, ça m’énerve », cela signifie que votre réaction  la plus fréquente sous stress est de type « lutte / affronter ». Si les situations dans la colonne « ça me fatigue, ça me pèse » sont les plus représentatives de vos réactions, cela signifie que votre réaction la plus fréquente sous stress est de type « repli / s’adapter ». 
Cela dit, nous ne réagissons pas toujours avec une seule et même réaction : en nous cohabitent les trois réactions de défense, et chaque personne fonctionne avec une combinaison particulière de ces trois types de réactions. Les dosages varient selon la personnalité et l’histoire de chacun. Notre réaction « préférée » est celle qui s’impose à nous le plus fréquemment, en particulier dans les situations où le niveau de stress est important. La deuxième est également fréquente car elle se met en route à chaque fois que la première n’est pas assez efficace aux yeux de notre crocodile. La troisième est souvent moins présente, car les deux premières ont, en général, suffi à nous sortir de la situation. Cette combinaison teinte tout notre fonctionnement et nos relations.

lundi 14 octobre 2013

Quel est mon profil ? Premier pas


Rappel: la typologie que nous avons développé est destinée à apporter quelques clés pour une meilleure compréhension des réactions émotionnelles, elle n’est en aucun cas prévue pour une application automatique ni ne sert pour juger ou prévoir les réactions des autres.

Voici un exercice pour commencer à comprendre nos modes de réactions les plus fréquents. Identifiez, par écrit de préférence, des personnes ou situations qui vous ont inspiré l’une des ces trois réactions :

  • Vous vous êtes senti inquiet(e) : vous vous êtes agité, vous avez bougé, vous aviez envie de sortir de la pièce et de quitter la scène conflictuelle.

  • Vous vous êtes senti agacé(e) : vous vous êtes énervé, vous avez élevé la voix, vous avez peut-être été cassant avec l’autre (ou vous en avez eu très envie).

  • Vous vous êtes senti fatigué(e) : vous avez baissé les bras, vous avez préféré vous taire que de prendre le risque de faire dégénérer la situation, vous avez laissé l’autre faire une scène tout seul, vous avez eu envie de vous réfugier sous la couette et d’oublier tout ça.


Pensez à des situations durant lesquelles vous étiez sous pression. Lorsque vous avez dérapé, vous êtes-vous énervé ? avez-vous claqué la porte? vous êtes-vous tus jusqu'à ce que l'orage passe ? Quand vous étiez enfant, face à des remontrances de vos parents, que faisiez-vous ?

Pour faire cet exercice, nous vous recommandons d’utiliser un tableau.

Ce qui se passe
en moi
Ça m’inquiète
Ça m’angoisse
Ça m’agace
Ça m’énerve
Ça me fatigue
Ça me pèse
Personnes
Situations
 
Attention : prenez en compte qu'une même situation peut provoquer en vous des réactions différentes selon votre niveau de stress. Notez-le. De la même manière, une personne peut susciter en vous des réactions différentes selon la situation et les enjeux. 

Maintenant regardez votre tableau : vous remarquerez vraisemblablement que l’une des formes de réaction est pour vous presque automatique. C'est là votre réaction émotionnelle "préférée". Mais vous aurez également une deuxième fréquente, mais moins irrésistible, et la troisième beaucoup moins présente.

vendredi 11 octobre 2013

La spirale de l'incompréhension


Voici un exemple pour illustrer la spirale d’incompréhension dans laquelle nous tombons fréquemment :


Julien est un architecte très doué pour se projeter dans l’avenir et cela l’aide à imaginer les bâtiments qu’il conçoit. Il est sympathique et serviable. En ce moment, cependant, il n’est pas heureux dans le cabinet qui l’emploie et qui ne correspond pas à son idéal. Il a du mal à se lever le matin. Marina, sa femme, lui reproche d’être devenu triste. Il finit par lui avouer que son travail ne lui convient plus : « C’est simple, tu n’as qu’à en parler à ton patron. Ou chercher un autre cabinet et démissionner », rétorque Marina. « Hum… », grommelle Julien.
Quinze jours plus tard, Marina lui demande ce qu’il a fait pour changer sa situation… « Tu sais, ce n’est pas si simple », répond Julien d’un air las. Et cela dure pendant des mois. Marina est de plus en plus agressive avec son mari. Elle est excédée par cette inertie et cette fatigue chronique, se sent coupable de ne pas pouvoir l’aider… Julien s’enferme dans son mutisme : à quoi sert de discuter avec elle puisque, de toute façon, elle ne comprend rien 


Leurs modes de fonctionnement sont très différents : Marina, quand elle est anxieuse, cherche des solutions, trouve toujours un projet à se mettre sous la dent, et se remet vite en selle… Cette méthode ne fonctionne pas pour Julien. Il a besoin aujourd’hui de retrouver un sens à son travail.
Marina, si elle souhaite calmer son mari, doit d’abord gérer sa propre réaction face à la situation : pour elle, ce qui marchera c’est de retrouver des points de repère rassurants et de renforcer son sentiment de sécurité. Tranquillisée, elle pourra ensuite agir sur Julien, parler avec lui de ce qu’il considère comme important et essayer de trouver ce qui peut l’aider à sortir de sa situation.
Pourtant c’est difficile : son réflexe instinctif consiste à monter au créneau et à secouer le cocotier. C’est souvent utile mais pas avec Julien, surtout quand il est dans cet état d’esprit ! Ça aurait plutôt tendance à le bloquer, elle en a conscience.
Dans ce genre de situations, Marina et Julien ne parlent plus la même langue, ils sont comme étrangers l’un à l’autre. Alors qu’ils s’aiment et vivent ensemble depuis des années, ils ne cessent de s’agacer mutuellement, de faire le contraire de ce qui serait efficace pour que leur relation redevienne harmonieuse…

Le problème ne réside pas dans les réflexes de défense que l’on a, ni dans les réactions qu’ils suscitent, mais dans l’inadaptation de la réaction par rapport à la situation présente.

La réaction peut être inadaptée dans sa nature ou dans son intensité :
  • Dans sa nature : nous nous battons alors qu’il aurait mieux valu chercher une solution ; nous essayons de trouver une solution alors qu’il vaudrait mieux réfléchir et prendre du recul, ou bien  nous réfléchissons alors qu’il vaudrait mieux agir. 
  • Dans son intensité : nous partons à fond dans l’argumentation alors qu’il vaudrait mieux proposer calmement une ou deux solutions ; nous nous refermons sur nous-mêmes alors qu’un peu d’écoute et de mise en perspective suffiraient ; nous cherchons à tout prix à imposer nos idées alors qu’il serait plus efficace de permettre aux autres de s’exprimer …
Nos réactions émotionnelles déclenchent chez nos interlocuteurs d’autres réactions émotionnelles qui renforcent à leur tour nos propres réactions émotionnelles… C’est une spirale infernale, un véritable cercle vicieux.
Les relations se dégradent d’autant plus que les deux interlocuteurs, très rapidement, ne parviennent plus à se comprendre : chacun se demandant comment l’autre peut agir ou s’exprimer de manière aussi aberrante.

mercredi 9 octobre 2013

Pourquoi gérer nos émotions ?

Nous avons tous en tête des exemples de situations professionnelles ou personnelles qui nous ont échappé, durant lesquelles nous avons dérapé au pire moment. Et nous en avons tiré le sentiment amer d’une impuissance face à nos erreurs : pourquoi tombons-nous toujours dans les mêmes pièges ? 
En voyant les autres tomber dans ces pièges favoris, nous ne comprennons pas non plus pourquoi ils ne changent pas, pourquoi ils commettent toujours les mêmes fautes qui nous paraissent aberrantes. Même si notre conjoint, nos collègues, notre famille, etc. savent à quel point telle ou telle chose nous est pénible, ils continuent à reproduire les mêmes schémas. 

Nos comportements et ceux des autres paraissent illogiques ? Ils ne le sont pas ! En effet, nos réactions émotionnelles et nos relations avec les autres répondent à un ensemble de lois aussi rigoureuses que celles de la physique, même si elles n’ont pas encore été codifiées de façon aussi précise.
Ces réactions émotionnelles sont plus fortes que nous : arrêtons de nous culpabiliser à cause de nos réactions instinctives, et apprenons à les gérer !
 
Nous l’avons vérifié lors de nos formations durant les 20 dernières années : apprendre à gérer nos émotions est l’une des façons les plus efficaces de réussir et de s’épanouir sur le plan professionnel comme dans notre vie privée. Imaginons nous capables non seulement capables de maîtriser les conflits mais aussi d’anticiper et de désarmorcer les tensions. Nous communiquons mieux et nous nous entendons plus facilement avec notre entourage, même les personnalités les plus difficiles. Plus de dérapages, plus besoin de recoller les morceaux après un geste ou un mot que nous regrettons !

Certes, mais comment ? C'est l'objet de notre livre.

La première étape est de comprendre comment nous fonctionnons. Pour cela, nous avons développé l’idée des crocodiles et notre système de profils en fonction de nos réactions émotionnelles les plus fréquentes.